La Jordanie, petit royaume Ashémite

Selon la légende, la Jordanie est un pays créé et dessiné dans un bureau du Caire par Churchill, alors secrétaire d’Etat britannique aux colonies, en moins d’une heure avec une règle, un crayon et une bouteille de Scotch. Depuis 1947, cette terre taillée dans le désert est la propriété de la dynastie Ashémite. Si ce pays ne reste pas gravé dans ma mémoire comme un des plus beaux, sa situation géographique au cœur du Proche-Orient et son  ouverture au monde et à la modernité en fait un pays très particulier dans une région marquée par le fondamentalisme religieux et un nationalisme arabe exacerbé. Ce royaume éclairé a parfois préféré l’entente avec son voisin israélien malgré les pressions de ses voisins. En tout cas, il a beaucoup perdu à entrer en guerre contre Israël: ça lui a couté la perte de Jérusalem en 1967 et l’afflux de réfugiés qui ont plus d’une fois mis le royaume en péril.

Ce pays vit sous tension et tout événement dans la région est directement ressenti dans ce petit pays. Cette tension est très vive à Amman, capitale qui concentre toutes les activités du pays. Cette capitale expose à elle seul tous les paradoxes du pays. Bourgade aux portes du désert, devenue tentaculaire sur les collines environnantes, la pauvreté de l’Est et du centre-ville traditionnel contraste avec la modernité et le luxe des quartiers de l’Ouest où se concentre une classe d’affaire riche, et souvent étrangère.Contrairement à ses voisins irakien, saoudien ou même israélien, ce pays ne comporte aucune ressource naturelle en grande quantité, que ce soit le pétrole, l’uranium ou l’eau. Sa survit passe donc par le développement de l’éducation, du commerce, du tourisme et des finances mais aussi par l’aide américaine. Les défis de ce petit pays sont majeurs. Ce royaume compte plus de réfugiés palestiniens et iraquiens que de citoyens proprement jordaniens. La pauvreté grandit et nourrit l’Islam radical menaçant ainsi la stabilité du régime. Si le feu roi Hussein, divinisé par son peuple basait l’équilibre de son régime sur de long dialogue avec les différente tribus bédouines, son fils, le roi Abdullah II a accéléré le virage vers la modernité. Aujourd’hui ce pays avance à deux vitesses. La récente hausse des prix rend la vie encore plus difficile pour une population qui vit pour plus d’un quart sous le seuil de pauvreté.

La situation est explosive. En ce printemps arabe, j’assiste depuis les toits du vieux Amman, à ce désire de changement et de réforme. Trop respectueuse de son roi, la foule s’en prend au gouvernement et réclame sa démission. « Allah ou Akbar » (Dieu est grand) est plus retentissent que n’importe quel autre slogan politique. Les policiers distribuent de l’eau et du jus d’orange. Si la situation ne dégénère pas comme en Egypte, la semaine suivante, le gouvernement démissionne qu’en même. Le roi veille!

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Incontournable ou pas?

Petra est le joyau touristique de la Jordanie. Encore presque inconnu du monde il y a trente ans, il faut aujourd’hui débourser 50 euros pour une journée de visite. En fin de voyage, notre budget se serre. Le prix fait mal. qu’est-ce qu’on fait?

Mais, peut-on passer juste à coté sans s’y arrêter? Est-ce incontournable? Après réflexion la réponse est évidente: Petra est couramment citée parmi les grandes merveilles du monde et je ne vais surement pas repasser dans la région prochainement.  J’y vais. Tôt le matin, avant la horde de tours opérateurs, avec Yusuf et Bastien, un voyageur français marchant depuis la Bosnie rencontré à l’hotel Valentine de Wadi Mousa, nous entrons les premiers dans le sanctuaire, décidés à rentabiliser au maximum nos billets. Seuls, nous déambulons dans le « Siq », la longue faille qui mène en face de la spectaculaire façade de la salle au Trésor.

Petra, c’est un très long corridor créé par la tectonique des plaques à travers la longue chaine de montagne.

Petra, c’est un point de passage obligé sur la route des caravanes au carrefour de la Mésopotamie et de l’Egypte.

Petra est une architecture unique au monde, taillée à même la pierre avec plus de 900 sites.

Petra, c’est une succession de civilisations de marchands qui achetaient la paix aux nombreux envahisseurs séleucides, ptolémaïque, romains.

Petra a livré bataille contre les israélites de l’Ancien Testament remontant d’Egypte.

Petra n’a été redécouverte par l’Europe occidentale qu’en 1812 par Jean Louis Burckhardt un jeune Suisse se faisant passé par un lointain musulman d’Inde.

Petra, ce sont de grandes recherches archéologiques qui prolifèrent aujourd’hui pour avancer dans la découverte de cette civilisation encore inconnue.

Petra est, malgré les prix, extrêmement touristique mais nous sommes dans la saison creuse. ouf ! Nous profitons pleinement de ce site immense et mon coup de cœur est le monastère qui ne ressemble en rien à un monastère. Après une heure d’ascension sur la montagne,nous nous installons dans les canapés pour un thé face à ce sublime temple nabatéen. Le reste de la journée est superbe à silloner les collines et les caves, à carresser des dromadaires, à se rêver marchand d’ivoire du IIIème siècle avt JC, ou aventurier découvreur de cette cité perdue au début du XVIIIIème.

Petra, c’est bonheur!

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Une petite pause bien méritée devant l’Ad Deir, le monastère de Petra. Pic: Victor Brunier

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La police de la Jordanie vs celle du Mozambique

 Il est 11 heures du soir. Notre ferry entre doucement dans le port d’Aqaba, tout au nord de la Mer Rouge. Tout prêt à l’Ouest, la ville israélienne d’Eliât scintille dans la nuit. De l’autre coté, à l’Est, la cote saoudienne reste dans la pénombre. Très exigu en face de nous, un accès jordanien à la mer. C’est noter point d’entré dans ce pays. Nous débarquons sans nous arrêter devant la foule de taxi qui nous assaille. Nous n’avons pas un centime en poche et nous ne trouvons pas de distributeur. Nous marchons longtemps pour quitter ce port industriel. Pas de voiture bénévole pour nous prendre en stop. A deux heures du matin, alors que nous envisageons de dormir et d’attendre le lendemain, un gros camion pointe son né. Yusuf se met en travers de la route et lui fait signe. Le camion s’arrête. Sans lui demander sa destination, nous grimpons. Nous comprenons qu’il va au nord. Sa route sera notre route. Il nous offre des casse-croutes, nous lui donnons nos dernières oranges. Nous succombons à la fatigue. Au milieu de la nuit, il s’arrête et nous fait comprendre que nous sommes à l’intersection pour Petra, notre route. On le remercie et au milieu de la nuit, nous descendons. L’air est glacial. Nous ne tiendrons pas sous notre petite tente au milieu de ce désert. Je n’ai même pas de sac de couchage. Tout proche nous observons une station de police. Notre instinct de survie nous y pousse. Juste devant, des policiers dans leur 4×4, surpris de nous voir, nous invitent à monter à l’arrière à coté des kalachnikovs.  Après avoir contrôlé nos passeports, nous sommes accueillis dans leur bâtiment et ils mettent la chambre et les deux lits à notre disposition. Au réveil, le chef nous attend dans son bureau avec le petit déjeuné. Nous n’en revenons pas de cette hospitalité arabe qui va continuer à faire ces preuves sur notre route pour Pétra. Ce sens de l’accueil surprenant de la part de policiers jordaniens est bien loin de notre expérience avec la police mozambicaine.

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Retour aux fondamentaux

Après la descente du Mont Sinaï par les milliers de marches glacées qui nous mènent au monastère Orthodoxe, un des plus vieux du monde et seul endroit en terre d’Islam où les cloches ont sonné sans discontinuité pour les offices religieux depuis des siècles, nous décidons de continuer notre route vers Damas. Complètement fauchés, nous évaluons nos centimes de livres égyptiennes pour les jours qui restent avant d’atteindre la frontière. Nous privilégierons la nourriture. Nous reprenons le goût du stop, bien que j’apprenne plus tard qu’au Sinaï plus de 300 personnes, principalement africaines sont victimes de prises d’otage et de trafics d’organes. Rien de ça pour nous. Nous sautons à l’arrière d’un pick-up pour deux cents mètre seulement. Sur un malentendu, un taxi nous dépose gratuitement sur l’axe pour Nuweiba sur la Mer Rouge. Un vieux bédouin qui nous transporte s’arrête au milieu de la route pour une des cinq prières quotidiennes et Yusuf se joint à lui, se prosternant vers la Mecque, d’ailleurs pas très loin du Sinaï. Pour les 50 derniers kilomètres, se sont deux jeunes civils que nous soupçonnons d’être des espions israéliens pour diverses raisons qui nous arrêtent pas très loin du ferry. Ce soir, dernière nuit en Egypte, nous dormons dans une Mosquée. Vers 4h30 du matin, le réveil est rude sous les haut-parleurs du Muezzin qui appelle à la prière quelques fidèles.

Nous avions trop longtemps perdu cet esprit du voyage.

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Tempête au Mont Sinaï

Après avoir passé une nuit dans un camp Bédouin avec Nacho, un vrai hippie qui bivouaque depuis 7 ans à travers le monde, ce nouvel ami nous sert de guide pour grimper sur le versant gratuity du Mont de Moise.
 
 

Au cœur d’un grand désert rocheux, le paysage est loin de celui des bords du Nile. Si ce n’est pas moins somptueux, il y fait nettement plus froid. Venant d’Afrique, je n’ai qu’un pantalon, un short, un pull et un sac à viande en guise de sac de couchage plus une couverture polaire fine. Bref, je suis  très mal préparé pour le Sinaï. Les rayons de soleil durant la journée ainsi que le thé bédouin autour du feu de camp y sont d’autant plus appréciés.

L’ascension se fait sous un vent glacial. Après le beau couché de soleil, nous nous refugions chez Ali, qui tient une des nombreuses petites échoppes sur la montagne. Nous nous installons sous la grande tente. Nous avons décidé de rester pour la nuit et nous passons une excellente soirée avec nos deux hôtes bédouins ainsi que Nacho jouant de la flûte, et Kelya une Américaine de Brooklyn que nous avons rencontré au sommet.

Au moment de dormir, nous nous calfeutrons sous une pile de couvertures, bien au chaud alors qu’en dehors, il neige ! Quand Moise parlait au Seigneur en haut de la montagne, celui-ci lui répondait avec des coups de tonnerre. Ce soir, au même endroit mais 2600 ans plus tard, le tonnerre rugit violemment sur la montagne. Dieu chercherait-il à nous parler ? Vers 4 heures du matin, les premiers pèlerins qui viennent prier au levé du soleil arrivent et nous tirent du sommeil. Il faut leur faire de la place sous la tente pour qu’Ali puisse vendre du thé, du café, et des chocolats bien chauds. Je prends mon matelas et une couverture épaisse et sors dormir dehors. Il y a 10 centimètres de neige. Avec les lanternes qui éclairent chaque petite échoppe, je me sens transporté dans un univers magique, surréel. Je pose mon matelas sur la couche de neige vierge et je me rendors dans la neige. Il fait bon sous la couverture ! C’est bien agréable.

Malgré le brouillard épais qui empêche de voir à plus de trente mètres et donc malgré un levé de soleil raté, les nombreux pèlerins qui ont fait l’ascension n’expriment pas moins leur foi. Des chants de louange Africains, Japonais, Coréens. Ca dure et Dieu vit que cela était bon.

Après tout le monde, nous redescendons la montagne en empruntant les milliers de marches gelées, qui mènent au Monastère Sainte Catherine.

 

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“La Arabic”

Je suis blanc et j’ai un appareil photo, je paie donc le prix réservé aux touristes, sensiblement plus élevé que celui des Egyptiens. C’est vrai pour les musées ou pour les sites touristiques mais c’est surtout vrai pour le thé, les chichas, les cocharis…toutes les dépenses quotidiennes ! C’est le jeu et il faut se plier aux négociations. Mais j’ai des atouts en mains. Lors de mon passage au Yémen, on m’a appris à lire les chiffres arabes, ce qui aide contre les grosses arnaques. Il y a aussi Philipp, véritable cairotte qui me donne une idée raisonnable des prix. Enfin j’ai une arme fatale : Yusuf, avec une tête d’Arabe et ses talents de négociation, il est imparable. Sa première stratégie est de ne pas parler (son arabe se limite à la lecture du Coran), de pointer du doigt ce qu’il désire sur l’étalage et de donner deux piécettes. Le vendeur lui rend même la monnaie. Ailleurs, lors des négociations, il utilise son joker : il est musulman et obtient directement le “muslim price”.

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L’Egypte d’avant la Révolution de 2011

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Plus que les pyramides, plus que les temples de Louxor, ce que j’aime en Egypte c’est l’atmosphère arabe qui s’en dégage. Tout de suite, je tombe sous le charme de la vie Cairotte.

On m’avait présenté cette ville comme une fourmilière de touristes et d’attrapes touristes. Mais on se fond vite dans la masse du Caire et de ses 18 millions d’habitants. Le premier jour, je rencontre Philipp, un Allemand parlant l’arabe couramment, et passionné de l’ère Mammmelouk qui façonna l’Egypte du 13ème au 15ème siècle. Ensemble, nous partons à la recherche des mosquées perdues, souvent délabrées. On se perd dans les ruelles, loin du chaos des klaxons.

L’Egypte, c’est aussi les felafels, et surtout les cocharis, un excellent plat égyptien. Certains restaurants ne servent que ça : une grande assiette remplie de nouilles, de lentilles, de poids chiches et d’oignons secs avec  un coulis de jus de tomate. Un régal qui devient quotidien. J’aime aussi ce mélange d’odeurs d’épices, de crasse, de narguilés.

Après de longue journée de marche ou de visites des grands classiques antiques au Caire ou à Louxor, les soirées sont des moments particulièrement agréables. Dans les rues qui commencent à s’animer au coucher du soleil, nous nous installons sur les terrasses de bars à chichas pour y fumer le narguilé, boire du thé et jouer aux échecs. Contre Yusuf, la bataille est serrée. On profite de la vie ! Deux semaines pus tard, à l’heure où j’écris, cette atmosphère paisible laisse place à une ambiance de révolte. Les caméras du monde assistent au vacillement du régime de Moubarak.

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Le Caire, nid d’espions

Je débarque donc seul en Egypte sans aucune information sur le pays et sans guide touristique. Je suis à peine au courant de l’attentat d’Alexandrie contre l’église copte il y a cinq jours. C’est pour dire! Il n’y a pas de belle Larmina pour m’accueillir sur le code : “comment est votre blanquette? », seulement des taxis escrocs!

Je crèche au Luxurieux Windsor Hotel, immeuble colonial renommé. Equipé du plus vieil ascenseur du Caire, avec un décor très ancien, je me sens au cœur de l’univers d’OSS117.

Etant donné que ce ne sont pas les services secrets qui paient mon séjour, après cette première nuit au Caire, j’irai loger au Sultan, qui malgré le nom, ressemble plus à la SCEP, ma couverture. Mais ce n’est pas grave, je ne suis pas ici en vacances. J’ai une mission : sécuriser le Proche-Orient.

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Le Yemen vu du ciel

Il y a un pays que nous devions prendre le temps de visiter, un pays hors du commun, très mal connu. Ca devait être un moment phare du voyage: le Yémen

Claude, la sœur de ma tante Edith, et son mari Mohammed nous y invitaient lors de notre remontée de l’Afrique. Nous devions juste les prévenir un peu à l’avance…mais ce voyage est un peu difficile à projeter dans le temps. Nous vivons au jour le jour. Avec nos problèmes de visas pour l’Ethiopie et le referendum au Soudan, je conviens avec Yusuf de prendre l’avion directement jusqu’au Caire. Ironie de l’histoire, la compagnie la moins chère est Yemenia Airways qui a un vol qui part de Nairobi  et fait une escale à Dar Es Salam où Yusuf est censé monter dans l’avion. Le bureau de l’émigration de Tanzanie lui refuse de partir pour des détails administratifs.

Au lieu de voir Yusuf embarquer comme convenu, je reçois une lettre de sa part: “Hello Victor – seat A6, I am sorry but I can’t get onboard. There is a bureaucratic asshole at immigration who says it is illegal to book a one way ticket out of Tanzania. God knows why? TIA. I caused so much trouble that he hit me and has called the police”. Je continue donc ce voyage seul !!! Je n’en reviens pas. J’ai l’impression que le sort  s’acharne. En attendant, j’assiste à un somptueux levé de soleil sur les montagnes du Yémen. Toutes les maisons sont perchées sur les crêtes des montagnes. Le survol de Sanaa, la capitale donne un bon aperçu de la beauté de la ville. Malheureusement ce n’est qu’une escale. Mohammed et Claude étant à Paris pour Noël, nous avons préféré ne pas séjourner dans le pays. Yusuf n’ayant pas pu monter dans l’avion, je suis heureux de ce choix. Néanmoins, cet aperçu fortifie mon envie de visiter ce pays !

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pas de visas pour l’Ethiopie, je quitte l’Afrique noire en avion

En m’envolant de Nairobi, je quitte l’Afrique noire, un contient immense qu’ on assimile facilement à un tout uniforme : on lui prête souvent une histoire identique d’une région à l’autre, des paysages vierges et paradisiaques avec une faune exceptionnelle, des pays ravagés par les guerres civiles, des zones entières souffrant de la malédiction des ressources naturelles, des enfants qui demandent des stylos et de l’argent, des populations décimées par le sida, le palu et la fièvre jaune mais des gens  toujours gentils. Bref, un continent victime et spectateur de son destin.

Mais ce continent avance à plusieurs vitesses et les Africains ne partagent pas la même aventure : Nairobi pousse la cinquième, le peuple Himba en Namibie reste au point mort depuis des centaines d’années et le Mozambique ou le Zimbabwe semblent faire marche arrière. A travers cette année en Afrique du Sud et avec toutes les expéditions à la découverte des pays voisins, j’ai découvert des réalités bien différentes que l’on peut observer en un coup d’œil mais parfois seulement en prenant le rythme africain.

« This continent is too vast to be described. It is a veritable ocean, a world apart, a heterogeneous universe and immensely rich. We say “Africa” but it is a convenient summary and simplification. In fact, apart from the geographical concept, Africa doesn’t exist.” (Ryszard Kapuscinski, in Ebene)

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Nairobi, capitale à deux vitesses

 

 

 J’atterris à l’aéroport Jomo Kenyatta vers 5 heures du matin et je m’installe près de trois autres routards qui dorment sur la moquette dans un espace juste derrière l’immigration. Au réveil, je comprends bien vite que mes voisins de moquette sont tchèques et sourds-muets. Nous prenons un taxi ensemble pour le centre-ville.

Les safaris au Masai Mara ou les randonnées sur le Kilimandjaro ou encore, le Mont Kenya ne sont pas dans mes moyens. Il faudrait dépenser en moyenne 150 dollars par jours. Je les laisse donc. Tant pis pour les paysages de rêve que compte ce pays. D’autant plus que j’y suis déjà venu en 2005.

Je passe ma première journée dans le centre-ville et particulièrement à la basilique de la Sainte Famille à chercher un endroit où rester quelques temps. Juste avant le réveillon je rencontre Bryan, un Kenyan moitié Kikuytu, moitié Kissi. Nous partageons la sainte messe ensemble le soir du nouvel an et il m’invite dans son appart situé dans la banlieue sud de Nairobi. Il me présente son colloc Samuel et sa femme Nancy ainsi que leur petit bout de chou Rony. Si ce réveillon est loin d’être mémorable, c’est l’occasion de partager  avec des gens d’une autre culture. Je vais y rester pendant tout mon séjour au Kenya. Bryan cuisine extrêmement bien et mon estime pour la gastronomie africaine remonte significativement. Chaque matin nous partons en centre-ville où il travaille dans le sanctuaire de la basilique. Pour ma part, je déambule dans Nairobi. Je me l’étais présenté à travers les récits comme une ville abjecte où la loi du crime règne en maître.

Lors de mon séjour en 2005, j’avais été marqué par cette insécurité que les expats nous décrivaient. Aujourd’hui rien de tout ça. Ce centre-ville est propre, sûr, moderne avec de beaux buidings, signes d’un décollage de l’activité économique. Les Kenyans sont fiers de ce changement très récent.

Bien que la visite du musée de la ville soit une catastrophe, ma dernière journée à Nairobi est la plus belle. Il y a cinq ans, nous avions passé la journée dans un centre des sœurs de la Charité, congrégation de Mère Theresa. Ce centre comporte un orphelinat où nous avions peut-être vécu un des plus beaux moments de notre voyage avec ces dizaines de bébés.  Je propose à  Bryan d’y passer. Sa sœur nous accompagne avec une de ses amies. En bus et à pied dans un des plus grands slums d’Afrique, nous rejoignons ce havre de paix. Un groupe d’Italiens y est volontaire depuis Noël. Le père Jésuite Massimo me fait un grand effet et nous vivons une magnifique messe. L’après-midi, une sœur canadienne nous fait visiter l’orphelinat qui n’a pas changé depuis la dernière fois. Les parents nous avaient caché les autres parties et je comprends pourquoi tellement c’est impressionnant. Une deuxième section est réservée aux femmes abandonnées, complètement folles mais adorables. Ce qui impressionne est qu’elles portent toutes les mêmes vêtements. Une dernière section est établie pour les enfants très lourdement handicapés. Nous y restons avec Bryan jusqu’à la fin de l’après-midi pour jouer avec eux. Dommage que je ne redécouvre cette réalité qu’à la fin de mon séjour au Kenya. Je m’envole pour l’Egypte, adieu l’Afrique Noire!

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Solitude

Sur la route qui remonte l’Afrique par l’Est, croyez-moi, il y a bien du monde qui voyage du nord au sud et vice versa, en 4X4, à vélo, en bus, à pied, en stop… en groupe, en couple, en solo. Ils sont beaucoup, toujours atypiques.

En atterrissant à Nairobi pour reprendre la route vers Damas après l’escale merveilleuse au Cameroun, je suis sensé attendre Yusuf resté plus longtemps en Tanzanie. Certains le savent, la solitude n’est pas mon truc. Je pensais avoir réussi à la travailler depuis mon voyage en Australie, il y a deux ans. Mes sept jours passés à Nairobi m’ont prouvé le contraire. Sans attendre toutes les mauvaises nouvelles qui vont bousculer l’esprit du voyage, je tombe littéralement dans l’angoisse de cette solitude tant redoutée. Mon cerveau en est envahi et se met en marche : à quoi sert de voyager seul ? Qu’est ce que je partage ? A quoi bon cette liberté ? Comment vais-je me débrouiller ? Qui va bien pouvoir s’intéresser à moi ? Les frustrations s’accumulent. D’autant plus que j’apprends que Yusuf n’entend pas arriver de si tôt au Kenya, qu’aussi je ne peux pas obtenir de visa pour l’Ethiopie, si ce n’est en atterrissant à Addis Abeba.

Malgré tous les soutiens sur FB ou par mail pour me souhaiter mon anniversaire, vivre le nouvel an tout seul est extrêmement difficile. Les premiers jours de l’année 2011 se passent dans l’incertitude et à chaque réveil, je me demande comment je vais remplir cette journée. Je n’arrive même plus à me réjouir d’être au cœur de l’Afrique, comme à Sydney il y a quelques années.

Avec du recul, j’observe que ces moments difficiles sont pour moi l’occasion de me rapprocher du Seigneur. Cela me permet de voir, en contraste, que je ne Lui accorde que peu de temps dans la vie quotidienne toute tracée. Ce temps perdu n’est peut être pas tant perdu que ça.

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Des lépreux et des élites

Quand on vient chez les parents, ce qui frappe, ce sont aussi les rencontres que nous faisons, jamais réellement prévues, toujours intéressantes. Le premier soir, des colonels s’invitent pour discuter avec papa sur la venue du ministre. Le deuxième soir, c’est l’évêque qui passe pour l’apéro. Le troisième jour, nous allons saluer les lépreux et leur serrer la main. Joie débordante ! Anne, appelée “madame Alex” car c’est la femme d’Alexis, reçoit un œuf et une papaye en cadeaux de mariage de la part de maman Françoise, véritable présent dans ce pays. La visite du village des lépreux est impressionnante et j’en garde un très bon souvenir. Au moins, je sais pourquoi j’ai fait la quête des lépreux tous les ans avec les scouts !

Le jour suivant, nous nous invitons à déjeuner chez le ministre de la défense, après la cérémonie. Les parents étaient prévus, nous les jeunes, c’est moins sûr, mais ils font comme si de rien n’était. Parmi la clique locale, on nous indique une table. Au menu : sanglier, crocodile, vrqan, singe, porc-épic, vipère et plein de choses tout aussi exotiques mais dont nous n’avons retenu ni les noms, ni les saveurs. Nos assiettes sont tellement pleines.

Après, c’est un peu plus calme et nous prenons enfin deux jours de vacances à Kribi sur l’Océan Atlantique pour nous relaxer ! Non, c’étaient de supers vacances au milieu de grandes vacances pour moi.

Le départ est dur à l’aéroport. Je m’envole pour Nairobi au Kenya. J’aurais fait le Cameroun au lieu de la Tanzanie, je ne regrette pas !

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Branle-bas de combat à l’hôpital

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La veille de notre arrivée au Cameroun, papa reçoit un coup de fil annonçant la venue du ministre de la défense du Cameroun à l’hôpital de Nden. Cette visite improvisée implique la gratuité des soins, offerts par le corps médical de l’armée pendant les deux jours précédant l’arrivée du ministre. Nous devons donc aller directement dans le sud à Nden pour préparer l’événement ; les vacances en famille dans l’Ouest du pays sont compromises. Durant plusieurs jours, nous nous activons à l’hôpital, à trier l’arrivage des 100 kilos de médocs, à défricher les environs à la machette, à réparer les portes, à lessiver les murs, à peindre les arbres à la chaud, à repasser derrière ce qui a été mal fait ou pas fait du tout. “Ce qui se voit” de l’hôpital n’est pas convenable pour l’arrivée d’un ministre et des têtes risquent de tomber si ce dernier n’est pas content. Tout le monde se mobilise ; même les militaires et les employés municipaux de la ville voisine viennent en renfort. Tu parles de vacances !!! Les médecins militaires sont là (avec du retard) et soignent gratuitement quelques centaines de malades. La foule était au rendez-vous !

En tous cas, le ministre est bien là le Jour J. Ne me demandez pas son nom, je l’ai oublié, bien qu’il soit un successeur potentiel de l’actuel président. Les discours pompeux des élites locales promettent cent pour cent – voire deux cents pour cent – des votes aux prochaines élections pour son éminence le Président Biya, véritable monarque du Cameroun au pouvoir depuis 1983 (je n’étais pas né). Les parents sont intronisés dans leurs fonctions de médecin-chef pour papa, et de responsable management et financier pour maman, par une responsable d’Ad Lucem. Le ministre offre des cadeaux à l’hôpital, promis par le Président aux parents, et notamment un 4×4 remis avec une musique émouvante, à faire pleurer la populace… Les chorales sont là aussi pour renforcer l’ambiance à la fin de la cérémonie. Alors que le cortège du ministre se déplace pour visiter l’hôpital, ses sbires ouvrent leur portefeuille et distribuent de beaux billets de banque à la foule compressée. Rassurez-vous, c’est l’argent de nos très chers visas, pas le leur ! On aurait peut-être du en récupérer une partie ! En tout cas, les Africains, nuls dans l’organisation et pour les choses du quotidien, sont les rois de l’improvisation. Cette journée est un vrai succès pour tout le monde. Le ministre accroît popularité, papa a son 4×4, l’évêque béni la cérémonie, la foule mange, les malades sont soignés, et plusieurs petites grand-mères repartent avec des billets de 500 francs.

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Le petit Paradis des parents

Nous quittons la confortable route goudronnée qui mène au village du très vénérable président Biya pour bifurquer sur une petite piste de terre rouge. Cette piste de 17 kilomètres, un petit peu défoncée sur certains endroits mais largement praticable hors saison des pluies, sillonne des vallées luxuriantes. Nous voilà plongés dans l’Afrique verdoyante. Nous traversons quelques villages et sur le bord de la piste, on peut entendre les enfants s’exclamer « Les blancs, les blancs… ». Nous nous approchons d’Nden. Ayant suivi les aventures assez extraordinaires des parents sur leur blog, nous étions prévenus que ça ne serait pas un hôtel 5 étoiles, qu’il faudrait laisser de coté notre petit confort français pour nous immerger dans la vie quotidienne des parents au cœur de la forêt équatoriale camerounaise à Nden. C’est à dire sans eau courante, avec des coupures d’électricité régulières et peu de moyen de communication.

Notre découverte de la case familiale à Nden est toute autre. En quatre mois, il y a déjà eu un travail colossal qui a permis de donner de l’allure à cette maisonnette. Nous sommes tout de suite charmés par l’atmosphère « Out of Africa » (en remplaçant la savane jaune et sèche par une forêt verte et humide). Avec peu de moyen, un esprit bricoleur, de l’imagination, de la patience et beaucoup de travail, les parents ont réussi à inverser le cours du délabrement. Chaque chose est remise en état de marche : les éviers, l’eau chaude… A coup de machette, l’herbe du jardin regagne sur la brousse. Ici, tout pousse ; le citron, le cacao, l’arachide, la banane et notamment le plantain, les noix de coco, l’ananas, et les projets de plantation ne manquent pas. D’ailleurs, le petit Mathieu nous accueille aussi. Il monte en haut d’un papayer, une tige de plus de deux mètres sans branche, pour y décrocher une papaye « hé la, di’ don’, elle est pou’’ie ».

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Notre cadeau de Noël

Nous avions à peine eu la chance de nous retrouver en famille le temps d’un week-end fin août, lors du merveilleux mariage de Marine et Pierrick à Noirmoutier, qu’il fallait encore se séparer. Avec les études ou la vie active, et avec tous les choix que nous faisons, nous vivons dans ce moment étrange où la famille s’éparpille. Et chez nous, les bruns’ de Pont Saint Martin, c’est peu de le dire. D’ailleurs, il n’y a plus de Pont Saint Martin. Arthur est en étude à Nantes, pas loin de chez Mamico, Doud est à Colmar avec  son régiment au service de la Patrie, Alex passe du bon temps à Annecy en temps que « jeune cadre dynamique », les parents ressuscitent une mission au fin fond de la forêt équatoriale au Cameroun et moi, comme vous le savez, je remonte l’Afrique de l’Est.

Bien que nous soyons plongés dans des vies assez différentes, nous ressentons tous  le besoin de nous retrouver le plus vite possible. D’autant plus que lors du mariage d’Alex avec Anne, donc notre nouvelle et première belle-sœur, le 30 octobre dernier, avec les parents, nous étions restés loin en Afrique. Grâce aux parents, le temps de Noël est, cette année, une fête familiale.  Le 18 Décembre au soir, nous sommes tous les sept rassemblés à Yaoundé chez les Sœurs à déguster du Comté et du saucisson fraichement arrivés avec les frères. Ô bonheur !

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Welcome to Cameroun !!!

« Vous allez être refoulé ». Non ce n’est pas une blague d’un imbécile, c’est l’officier camerounais chargé de contrôler les visas. Souvenez-vous, au consulat du Cameroun à Pretoria en Afrique du Sud, on m’avait bien dit avec assurance que j’obtiendrais mon visa touriste à l’aéroport car je décolle du Malawi où il n’y a pas d’ambassade. J’aurais peut-être dû vérifier. Bon, au final, je m‘en sors qu’en même. Je m’en sors grâce à des amis des parents qui m’attendent à l’aéroport de Douala, avec la fameuse lettre d’invitation des parents, tamponnée par toutes les administrations camerounaises. Je m’en sors grâce à un médecin camerounais de la Fondation Ad Lucem qui connaît un responsable de cet aéroport et qui va faire la demande de visa pour moi. Je m’en sors grâce aux 15 000 francs CFA (20 euros) que je verse en pot-de-vin à toute la hiérarchie de cette administration corrompue. Welcome to Cameroun !!! Ha oui j’oubliais de vous dire, ma valise est restée dans le service des transits au Kenya …

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Toutes les capitales d’Afrique

Entre Lilongwe au Malawi et Douala au Cameroun, mon avion doit se poser pour plusieurs escales techniques à Lusaka, à Harare, à Nairobi, à Bangui. Merci Ebookers et Kenya Airways de m’imposer des vols que je n’ai pas choisis. J’en aurai vu des aéroports africains!

A la première escale, à Lusaka en Zambie, je suis sensé attendre 9 heures pour prendre un autre avion pour Harare, mais le personnel de bord du premier avion m’invite à rester dans celui-ci qui part illico presto pour Nairobi au Kenya. Je ne me fais pas prier deux fois. Sans « boarding pass », je décolle ! ça veut aussi dire que je dois attendre 15 heures mon avion pour le Cameroun. Un employé me conseille de passer par le service des transits. Après quelques formalités au comptoir de la compagnie, on m’offre une nuit au Pannari Hôtel avec un dîner au buffet et la navette pour y aller. Quand on est habitué à la tente depuis plus d’un mois, je vous assure que dormir dans un palace est une sensation étrange.

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L’île aux Mangues

Après l’expérience très spéciale du ferry, nous marchons une heure dans la nuit avant de planter notre tente au milieu d’un chemin de randonnée, complètement perdu. Ça nous plait car nous économisons une nuit d’hôtel. Pendant les jours suivants nous nous reposerons au Mango Drift, un lodge pas cher sur une plage paradisiaque. C’est bien mérité après les deux dernières journées sur l’Ilala! Vu que c’est dimanche nous allons à la magnifique cathédrale Saint Pierre, ancienne et splendide mission anglicane pour une évangélisation de première heure. Nous n’assistons qu’aux vingt dernières minutes de l’office. C’est un peu raté pour l’Avent. Nous nous promenons dans le petit village et cherchons un restaurant (entendre paillote). « No food ? – no food ! » . Tous les restaurants sont ouverts mais ils ne servent rien car ils n’ont pas de nourriture et pourtant nous nous contentons de peu. Drôle de mentalité, on ne verra ça qu’en Afrique. Nous en trouvons un avec de la nourriture, appelé « Hunger Clinic ». Il porte bien son nom. Bien que nous soyons sur une ile, il n’y a pas de poisson mais du poulet avarié. Nous avons faim cependant… Promenades au nord de l’ile à travers les baobabs et les manguiers, des villages propres et des espaces bien cultivés (par des femmes). Les enfants affluent vers nous  en agitant leurs petites mains et en criant machinalement: « Mzungu, mzungu, mzungu … » qui signifie « blanc » en swahili. Parfois ils nous prennent deux doigts de la main chacun et marchent sur cent mètres avec nous. Dès que nous croisons un adulte, c’est la même chose : « – hello how ‘re you ? – I ‘m fine thank you ! How are you ?– I’m fine thank you, How are you ? – bah je viens de te le dire, – I ‘m fine !!! »Assez épuisant ces marches ! Mais on ne va pas se plaindre. De retour à la plage, nous profitons des masques et tubas, du filet de beach-volley, des hamacs, des jeux de société africains, des pirogues.

Ici, il suffit de se lever pour manger. Les mangues, délicieuses, sont à hauteur des bras et nous nous servons à volonté à toute heure de la journée. Gros gavage. Le dernier soir, nous dormons à la belle sous un immense ciel étoilé. La vie est belle à Likoma. Malheureusement, demain il faudra remonter sur le ferry pour relier le continent, puis prendre un bus pour Lilongwe et son aéroport et enfin s’envoler pour le Cameroun.

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Une journée sur l’Ilala

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Ce que nous ne savions pas en montant sur ce rafiot, c’est qu’il a changé de propriétaire et que cette semaine est gratuite pour les clients en classe économique. Pas pour nous, car nous sommes des étrangers blancs donc avec de l’argent tout naturellement. Gratuit signifie que les gens affluent aux escales suivantes. Le téléphone arabe fonctionne bien.

Dès Nkotakota, nous devons nous serrer pour laisser de  la place aux nouveaux arrivants. J’en profite pour écrire à Agathe, de Nantes, qui a déjà vécu cette expérience deux ans plus tôt lors d’un périple avec son frère Clément. En voici un extrait : «  Ma chère Agathe, Je suis très exactement au centre du lac Malawi en direction de Likoma Island. En ce moment même, en classe éco sur l’Ilala Ferry, complètement entassé dans la masse humaine chaude et humide, avec les bébés qui pleurent, les jeunes trop heureux de lancer des conversations avec un blanc d’Europe et l’air moite qui retient les odeurs immondes…. Tu connais, je suis en Afrique !!! Bien sûr, j’ai gentiment été convié de quitter le pont supérieur, comme toi et Clément en votre temps, mais nous y remontons à chaque escale. Nous nous rafraîchissons en sautant dans le lac du haut du ferry, impensable en France …» (Agathe, tu vas recevoir cette lettre d’ici trois mois j’espère si elle arrive).

 Après une escale au Mozambique, nous arrivons dans la nuit à Likoma. Je suis extenué. Le débarquement est laborieux. Au moment de quitter le rafiot, nous sommes littéralement projetés dans la chaloupe. Avec Albane et Jérôme, nous essayons de réunir nos affaires et de nous organiser pour l’accostage de l’île. En effet, une masse humaine énorme attend son tour sur la plage, les mollets dans l’eau pour embarquer sur le ferry. Debout dans la chaloupe alors que nous nous éloignons du ferry éclairé de quelques néons dans une nuit étoilée, et après toutes ces bousculades, j’ai l’impression d’être un naufragé rescapé ayant fuit un navire en perdition. Et ce n’est pas fini ! Au moment de débarquer sur la plage, la foule compacte se rue sur notre pauvre barque devenue toute minuscule face à la masse. Au dessus de tout le monde, les matelots frappent de leur rame pour faire garder la distance afin d’éviter que la chaloupe ne soit submergée et qu’elle ne coule. Je me prends d’ailleurs un violent coup de rame alors que je suis encore dans la chaloupe à chercher les tongues de Jérôme. Une vraie scène du Titanic. Heureux d’arriver sur la terre ferme à l’écart de la foule.

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Le lac Malawi

Après une étape à Lilongwe, capitale politique du pays qui ressemble plus à une petite bourgade mal entretenue qu’à une capitale très vivante, nous rejoignons le lac. Ce lac porte le même nom que le pays qui le borde à l’Ouest : c’est le lac Malawi. C’est un des plus grands lacs du continent. Assez étroit, il remonte plusieurs centaines de kilomètres. Il n’y a qu’un seul bateau, l’Ilala, qui monte et redescend cette mer d’eau douce une fois par semaine. L’Ilala est le même ferry qui transporte les gens et les marchandises en faisant plusieurs escales. Il n’est pas question de le manquer si nous voulons aller sur Likoma Island, décrite comme un petit paradis. Mais il n’y a pas vraiment d’horaire. Nous attendons une journée sur la plage à profiter de l’ombre et de la baignade dans de l’eau douce, au grand plaisir d’Albane. Car l’eau salée, ça gratte. Nous attendons la petite tache blanche à l’horizon de l’Ilala. Mais là encore, rien ne presse. Nous avons des heures devant nous. Nous en profitons pour nous ravitailler en nourriture et en jeu de carte. Le temps sur le ferry va être long.

Alors que nous avions un grand soleil toute la journée, le ciel s’assombrit brusquement quand nous arrivons sur le quai.  Autour de ce quai, il n’y a pas d’eau. Dans la cohue, il faut donc descendre l’échelle de fer défoncée pour rejoindre le petit banc de sable. Dans la première chaloupe qui aborde le sable, Yusuf descend à notre rencontre. Nous l’avions quitté à Maputo, il y a un peu plus de deux semaines. Trop le bonheur de se revoir enfin. Alors qu’il part faire quelques courses, nous embarquons avec Albane et Jérôme dans la première chaloupe qui part en direction du ferry. Les matelots, en marinière, s’inquiètent de la tempête qui s’annonce. L’ambiance devient brusquement électrique dans la chaloupe. Les vagues se creusent. La mer et le ciel prennent la même couleur. Tout devient gris. Nous accostons le ferry sur bâbord. La foule de la chaloupe sensée contenir 22 personnes, se précipite sur l’unique échelle. Je mitraille avec mon appareil photo. Nous attendons patiemment, nous ne voulons pas être écrasés. Nous nous  installons dans la classe économique sur les bancs en bois. Le pont supérieur réservé aux riches n’est pas pour nous.

Tout à coup, c’est le déluge. On ne voit plus rien à moins de dix mètres. Le va-et-vient des chaloupes devient de plus en plus difficile. C’est l’hystérie générale. Yusuf arrive trempé dans une des deux chaloupes. Les matelots ont remplacé leur élégante marinière pour le fameux ciré jaune. Alors que les conditions nécessitent le calme et la vigilance de chacun pour aborder l’Ilala, les gens paniqués deviennent de moins en moins contrôlables. Une femme tombe presque à l’eau et est repêchée juste à temps avant que le bord de la chaloupe ne frappe le flanc du ferry. Il y a aussi cette chaloupe restée accrochée à ses câbles sur l’Ilala qui plane au dessus des têtes de ceux qui accostent le ferry. Il suffirait d’une grosse vague pour assister à une catastrophe. Mais dans ce moment, Dieu veille ! C’est la seule explication possible d’avoir évité un accident.

Ce petit ferry a l’allure d’un vieux rafiot d’acier de style colonial sur trois niveaux. Au rez-de-chaussée, la classe économique surchargée où les pauvres (nous) et les marchandises sont entassés. L’étage du dessus avec les cabines privées, le grand salon, le restaurant et les douches exclusivement réservés à ceux qui ont de l’argent et le pont supérieur avec un bar pour ces mêmes personnes, restent à moitié vides.

L’ancre n’est relevée que quatre heures plus tard, au moment de se coucher. Malgré les rats, je passe une excellente nuit, bercé par le bruit de la salle des machines juste en dessous.

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Ce qui m’a marqué au Zimbabwe

– Le Zimbabwe semble plus riche et mieux équipé en infrastructure que le Mozambique.

– Les gens s’habillent avec classe et sont très dignes.

–  Le dollar américain ayant remplacé la monnaie nationale, la vie est beaucoup plus chère qu’ailleurs.

– « Zimbabwe is a wonderful country » dixit tous les gens que nous croisons.

– Nos bienfaiteurs, les baileys : Mike, Lauri, Alan et la grand-mère !

– La ferme de Roy Benett que nous traversons en redescendant la montagne : tiers-mondisée, les charrues à bœuf remplacent les tracteurs.

– Dave Michel, fermier dépossédé, directeur de Outward Bound Zimbabwe nous offre un déjeuner au centre avant de nous guider pendant 20 minutes au pied de la montagne dans un paysage sublime.

– Les orages surpuissants de Chimanimani et notamment le temps passé à attendre avec des bières dans le 4×4 d’Alan embourbé au plein milieu d’un orage.

– La grand-mère Bailey demande à Jérôme si il se sent mieux après être passé aux toilettes.

– Sans pouvoir les prévenir de notre arrivée, Mike et Lauri ont l’intuition que nous arrivons. Tout est prêt pour nous recevoir.

– Le nombre de domestiques chez les Baileys : Anita, Rose, Grace …

– Harare depuis Chimanimani en camion : 14 heures ! c’est affreux.

– Harare, ville moderne

– « The fear, the last days of Robert Mugabe » de Peter Godwin. Si vous voulez comprendre quelque chose à ce pays, lisez ce livre !!!

–  les zimbabwéens que nous rencontrons sont tous serviables et jamais intéressés.

– MDC, « Mouvement for a Democratic Change », le seul avenir pour ce pays si on veut que ce pays ait un avenir. Election normalement prévue en 2011. La question est de savoir si elles seront libres.

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Nos bienfaiteurs, les Baileys

 

Après une belle journée de randonnée, au moment ou nous entrons dans la maison de la grand-mère Bailey en haut de la colline, l’orage éclate avec une force inouïe au dessus de nos têtes.  Aussitôt, elle prévient son fils Mike de notre arrivée chez elle. Son petit fils va venir nous chercher en 4×4 car la nuit est tombée et il faut une demi-heure pour atteindre la ferme de nos hôtes, perchée sur une autre colline. En attendant, nous nous rafraichissons avec une bonne bière. La scène est saisissante : sans électricité, seul le feu de cheminée éclaire le petit salon. En face de moi et derrière la grand-mère avec qui nous discutons, j’assiste à un balai d’éclairs qui dessine la silhouette de la chaine de montagnes que nous avons descendues le matin même. Spectacle sublime.

Allan, le petit-fils nous embarque dans son 4×4 mais nous sommes embourbés dans un virage de la piste. Il n’y a plus qu’une chose à faire : attendre que l’orage passe en buvant des bières. Un domestique vient nous chercher avec une lampe torche. Tout trempés et gênés, nous arrivons chez nos hôtes, Mike et Lauri, dans une magnifique maison. Alors que nous n’avions pas confirmé que nous passerions chez eux, tout était prêt pour nous. Après une bonne douche, nous dégustons un bon repas devant la cheminée. Nous discutons pendant des heures du Zimbabwe, de l’ancienne Rhodésie, et de leur propre histoire. Sans électricité, nous nous déplaçons avec des chandeliers. L’atmosphère de cette soirée est magique. Quand nous nous couchons dans nos grands lits douillets, nous n’en revenons pas de notre chance.

Le lendemain matin, une domestique nous apporte le thé dans notre chambre en attendant le brunch, mon meilleur petit déjeuner depuis que j’ai quitté la France. Même au petit dej’, les discussions vont bon train. Et nous revenons toujours sur le Zimbabwe et Mugabe. Cette histoire passionne les esprits. Nous passons le reste de la journée à traîner, à prendre du temps pour nous. Depuis un mois que nous bivouaquons, nous n’avons jamais eu le bonheur de nous poser confortablement, et cela fait du bien.

Dans l’après-midi, nous repartons en balade avec Mike sur ses terres. Nous montons en haut de la plus haute colline pour contempler un paysage saisissant à des kilomètres à la ronde. Il possède 500 hectares de champs spécialisés dans la culture de fleurs destinées à l’exportation. Le reste du domaine est couvert de collines et de forêts. En plus de la culture florale, les Baileys peuvent vivre en autarcie totale et confortable avec tout ce qu’ils cultivent et élèvent pour leur propre consommation. Sur ces terres, 300 ouvriers agricoles travaillent et 2000 personnes dépendent de la survie de la ferme. Les ouvriers sont payés 70 dollars par mois mais reçoivent de la nourriture, l’eau, l’électricité et le logement gratuitement. Par rapport aux autres fermes qui ont été nationalisées, elle est relativement petite. Il faut néanmoins 20 minutes de piste en 4×4 pour sortir du domaine depuis leur demeure.

Quand nous discutons avec les employés, tous considèrent Mike Bailey comme un père. Il finance l’université des jeunes, les soins des personnes âgées. Il écoute les problèmes de chacun et essaie de les résoudre de manière très simple. Cette ferme est un symbole réussi du paternalisme. Malgré une qualité de vie extraordinaire, Lauri et Mike Bailey vivent dans la simplicité. Ils savent que les sbires de Mugabe peuvent venir à tout moment pour réquisitionner du pétrole ou pour s’approprier la ferme. Pour ne pas être ruinés du jour au lendemain, ils investissent ailleurs en Afrique mais dans tous les cas leur cœur restera au Zimbabwe.

Merci mille fois pour cet accueil de folie qui restera inoubliable à Chimanimani puis à Harare, capitale du pays.

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Duc In Alto

 

Dave Michel, un fermier blanc de 65 ans dépossédé d’une grande ferme à Mutare,  est désormais directeur de Outward Bound – Zimbabwe, un camp de jeunes au cœur de la nature pour les enfants défavorisés, soutenu par la Croix Rouge. Après nous avoir gentiment restaurés, il  nous ouvre le chemin au pied de la montagne dans un paysage d’immenses rochers et d’arbres parasol africains. Dans les failles ou en escalade nous devons presque courir derrière lui.  L’ascension de la chaine de montagne de Chimanimani est splendide mais pas de tout repos. Cette montagne est à l’extrémité sud du Rift africain qui remonte l’Afrique jusqu’à la mer Rouge.

Après avoir passé le premier col et une vue spectaculaire sur la petite vallée vierge au cœur de la montagne, nous rejoignons la falaise avec la tache ocre qui indique une grotte, notre lieu de couchage. Nous y déposons nos sacs et après un goûter, nous partons nous laver sous une cascade pittoresque.  L’eau fraiche fait du bien à nos pieds. Quand nous revenons à la grotte, nous nous rendons compte que des voleurs bien spéciaux sont venus piller nos affaires. Le pain, les noodles, les chips, les biscuits provitas, mais surtout  le fromage, ont disparus ! Ce sont les oiseaux, heureusement nous avions prévu beaucoup trop ! Petit feu dans notre belle grotte, nous nous couchons à 8h30 pour neuf heures de sommeil. Le lendemain nous entreprenons l’ascension du Mont Binga, le plus haut de la chaîne à travers un décor toujours plus beau. Malheureusement, nous tombons nez à nez sur un campement de rangers qui nous barre la route. Nous marchons à reculons sur la pointe des pieds. Une ‘rangers’ nous voit au loin et nous interpelle. Gros stress, nous n’avons pas payé de ticket pour entrer dans ce parc naturel, hors de prix pour les étrangers. Nous discutons de tout et de rien, elle nous indique notre chemin et nous nous quittons sans qu’elle ait eu l’idée de nous demander nos billets du parc. Soulagement, nous repartons chercher nos sacs laissés à la grotte et nous redescendons après avoir grimpé un autre sommet, le Mont Peza.  Sans carte, nous avons du faire beaucoup de hors piste et nos pieds ont souffert le martyr ; surtout ceux d’Albane en Converses mouillées. La pause baignade sous un soleil de plomb est encore un vrai petit bonheur.

Après avoir rejoint Outward Bound pour saluer Dave, nous traversons en randonnée les terres de la ferme de Roy Bennett, jadis mécanisées, désormais labourées à la charrue. Ce soir, nous serons accueillis par les Baileys, dans leur ferme avec de bons lits et un vrai repas à la chandelle !

 

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Le Zimbabwe politique

Nous étions arrivés de nuit la veille à Chimanimani, réputé pour ses majestueuses montagnes. Au petit matin, nous découvrons ce paysage qui nous rappelle la Suisse. Les plages du Mozambique sont désormais loin dans nos esprits. En passant près de notre tente, chacun s’arrête pour nous saluer et nous souhaiter la bienvenue dans leur pays, « a wonderful country ». Nous rencontrons Gari, un blanc zimbabwéen, qui revient pour la première fois depuis des années dans cette région durement touchée par la violence politique sur la question agraire. Sur les 17 kilomètres qui nous séparent du point de départ de  la randonnée, Mike Bailey nous prend en stop dans son 4×4. Nous apprenons beaucoup, plongés au cœur du Zimbabwe et de ses passions. Nous traversons la ferme désolée du célèbre Roy Benett, leader de l’opposition MDC en exil, dépossédé de son immense ferme qui faisait vivre des centaines de familles avant qu’elle ne soit redistribuée et tiers-mondisée. Tout est à plat.

Mugabe, grand libérateur au début des années 80, homme fort de l’indépendance, un des leaders les plus diplômés de la planète, est progressivement devenu oppresseur de son peuple. Ayant perdu toute légitimité lors des dernières élections en 2008, il ne gouverne plus que par la peur. Pressé par la communauté internationale, il est obligé de composer un gouvernement d’union nationale avec son rival Tsangarai, leader de l’opposition MDC, Mouvement for a Democratic Change.

Ce parti d’opposition, extrêmement bien implanté localement est prêt pour la transition démocratique. Les diatribes anticoloniales et anti-impérialistes chères à Mugabe ne fonctionnent plus.  Après avoir gagné la confiance de la grande masse des couches populaires, les blancs se sont ralliés à ce mouvement. Depuis 1998, Mugabe et son bureau politique tentent de lutter contre ce mouvement postrévolutionnaire. Ils gouvernent par la peur et l’intimidation. En s’attaquant aux fermiers blancs et à leurs terres, ce sont aussi les milliers d’ouvriers agricoles qui sont visés. Il faut casser ce réservoir de vote gagné à l’opposition.  Les conséquences de la nationalisation des terres sont désastreuses. Des milliers de fermiers blancs sont dépossédés de leur ferme en 48 heures. La population blanche passe d’un quart de million à 22 000 en moins d’une décennie. Ils partent pour l’Australie, l’Angleterre ou le Canada… recommencer une vie. Mais la situation est bien pire pour les ouvriers agricoles dans un pays ou plus rien ne fonctionne. En 2008, le chômage ouvrier atteint 96%. Où peuvent-ils aller ? Que peuvent-ils faire ?

De l’avis de tous ceux que nous avons rencontrés sur place ou en Afrique du Sud, blancs comme noirs, le Zimbabwe est le plus beaux pays d’Afrique, le plus agréable à vivre avec un climat parfait tout au long de l’année, avec les peuples Shona et Ndebele les plus charmants et les plus pacifistes. Les gens en sont littéralement amoureux. En une semaine passée dans cet ancien joyeux de l’Empire colonial britannique, il est facile de comprendre ce sentiment unanime pour un tel pays. Ceux qui partent, obligés, expriment un vrai déchirement.

Mais malheureusement, c’est aussi le pays le moins bien administré depuis que la Rhodésie est appelé Zimbabwe. Devenu indépendant en 1980, c’est à dire vingt ans après les autres pays d’Afrique, Mugabe savait exactement ce qu’il ne fallait pas faire mais il l’a fait à des fins personnelles, ou à celle de sa femme Grace Mugabe, nommée « la  First Shopper », qui confond sa carte bleue personnelle avec celle de l’état. Sous le règne du tyran, l’espérance de vie passe de 60 à 39 ans. Il n’y a plus de système de santé, plus d’éducation, plus d’avenir. Que du gâchis.

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une rencontre un peu bizarre

Aujourd’hui, 2 décembre 2010, nous avons rencontré un russe qui est descendu de son pays en vélo sur la piste africaine pour Cape Town. Il ne peut obtenir de visa touriste aux frontières de l’Afrique du Sud. Bloqué dans la dernière ligne droite de son périple, il ne pourra pas atteindre son objectif. Il ira en Namibie!

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Des bonbons au Zimbabwe !!!

Au début des années 2000, le dollar zimbabwéen était très proche de la valeur du dollar américain. Neuf ans plus tard, cette monnaie  nationale n’existe plus, remplacée par le dollar américain ou le rand sud-africain. Au sommet de la crise inflationniste, en 2008, un dollar américain valait 300 milliards de dollars zimbabwéens. Un record mondial. En moins d’une heure, le temps de sortir l’argent de la banque pour distribuer les salaires,  les billets devenaient du papier bon pour démarrer un feu de cheminée, pas beaucoup mieux. Les comptes en banque sont remis à zéro. Voilà, un succès d’égalité réelle.  Economiquement, le pays était à plat, les réfugiés quittaient le pays par millions et pendant ce temps, certaines élites au pouvoir bénéficiaient des « Mercedes à 500 $US » en jouant sur le décalage marché noir – marché officiel.  Pendant que nous étudiions les grandes théories sur l’inflation sur nos bancs de cours à l’ICES, mes nouveaux amis zimbabwéens de Rhodes l’expérimentaient à leurs dépens. Témoignages particulièrement intéressants sur les brouettes de billets pour acheter du riz et sur les queues devant des magasins vides.

En ce deux décembre 2010,  la situation est redevenue stable. Nous échangeons nos Méticals du Mozambique pour des dollars US. Les prix des taxis, des bus, de la nourriture, des logements et des parcs naturels font mal à notre budget. Ce pays semble extrêmement cher ! En effet, seuls les billets verts sont en circulation, il n’y a pas de pièce, pas de centime. Quand nous achetons pour 2,20 $US de provisions, nous recevons la différence sur nos 3 dollars… en bonbons !

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Les visas du Mozambique

Dans les guides, sur internet ou en demandant aux gens, impossible de trouver une information valide sur les visas du Mozambique qui puisse confirmer une autre source. Peut-être l’ambassade mozambicaine d’Harare au Zimbabwe pourra-t-elle nous renseigner ? Je suis trop optimiste malheureusement et de toutes façons chaque passage frontière du pays fonctionne différemment avec ses propres tarifs. Il n’y a pas de reçu et ce n’est pas négociable car on peut nous obliger de retourner à l’ambassade si nous ne nous plions pas aux exigences de nos gardes-frontière. En gros, c’est à la tête du client. Et je suis un client blanc avec un passeport français. Ça vaut cher ce genre d’animal rare, surtout depuis qu’ils ne peuvent plus rançonner les citoyens des pays voisins appartenant à la SADC (Southern African Development Community). La première fois au Swaziland, je me retrouve à payer 60 euros pour un visa touristique valable pour une seule entrée. La seconde fois au Zimbabwe, je paie 30 dollars pour un visa transit mozambicain qui me permet de relier le Malawi en 5 heures. Plus c’est cher, plus c’est long, surement pour justifier le prix car chacun sait que les passages frontières sont des endroits agréables. Tout cette aventure (car c’est une aventure!) me laisse une image assez négative de ce beau pays.  Comme me le fait remarquer Albane, la maigre consolation dans ce moment est le beau visa collé dans mon passeport.

Aux frontières, il faut aussi se méfier des calculatrices trafiquées  des échangeurs d’argents ou du harcèlement des taxis trop heureux de pigeonner des touristes. Ah oui, j’oubliais l’imprévu des postes frontières, lors des coupures d’électricité, loin d’être embarrassés, nos douaniers ferment  tout simplement la frontière. Veuillez repasser demain !

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Vilanculos : l’Afrique de bonne heure, de bonne humeur

Je me réveille tôt comme d’habitude depuis que je suis en Afrique. A travers la moustiquaire de la tente, je contemple les branches du baobab, et pour cause je suis au Baobab Backpacker, belle adresse pour les routards qui passent par Vilanculos. Albane et Jérôme semblent encore dormir donc je sors. Je veux profiter de ce temps tranquille pour aller prier sur la plage. C’est la marée basse et de grandes barques aux couleurs vives reposent sur leur flanc. Il est sept heures. Loin d’être déserte, cette longue plage est en pleine activité de pêche. Des hommes, des femmes et des enfants par dizaines, les mollets dans l’eau, tirent sur de grands filets. L’entreprise s’avère longue et coordonnée. Ils chantent, ils rient. Plus proche, des femmes font des va-et-viens avec des paniers et des bidons sur leur tête.

Après une petite louange, je me rapproche d’un grand groupe de pêcheurs qui finit de tirer sur leur filet. Tout le monde se rassemble pour contempler la prise. Temps de silence… puis explosion de joie. Tout le monde crie, rigole, lève les bras, se jette dans l’eau. On me fait signe de me joindre au bonheur des gens. J’observe  à mon tour un filet rempli à raz bord de poissons. Une vraie pêche miraculeuse. Une barque est approchée pour  y verser les poissons de toutes sortes qui frétillent de malheur, définitivement pris au piège.  Je vois pour la première fois à quoi ressemble un calamar vivant ; rien à voir avec les anneaux frits et élastiques qu’on nous sert dans les cantines scolaires.

Bref, j’ai delà chance d’assister à ce moment de bonheur. C’est une bonne leçon pour plus tard. Il faut se lever tôt pour contempler l’Afrique en activité avant que la chaleur n’hypnotise la vie. C’est vrai pour la pêche mais aussi dans les villages ou encore dans les safaris.  

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Ce qu’il faut retenir du Mozambique

 

 Le brillant repas chez nos hôtes pakistanais après la grande prière du Vendredi à la Mosquée Juma.

Sur la route de Maputo  à Maxixe (prononcez Machiche), le copilote du bus court devant notre bus pour écarter les branches et pierres entreposées sur la route en réfection. Nous slalomons et sommes salués par les autres minibus plongés dans la gadoue du bord de route. C’est vrai que refaire une route au moment de la saison des pluies n’est pas une idée brillante.

Faire du stop et se retrouver à une soirée de mariage avec des gens très chaleureux et des mets traditionnels excellents.

Le bus part quand il est plein, personne ne conteste.

Se retrouver à 22 dans un bus pour 14 places avec les poules et les sacs

Les cocotiers, le sable fin, la mer bleu azur et chaude de Tofo et de Vilanculos.

Les rues défoncées de Maputo.

Le camping de Maxixe à 2 euros.

La barrière de la langue avec le portugais mais facile à lire avec des rudiments d’espagnol.

Le contraste entre Maputo, ville vivant la nuit et les villes sud africaines se couchant à six heures du soir.

La gentillesse d’Helster, notre ami de Maputo. Il ne pouvait pas mieux nous faire découvrir sa ville.

A Vilanculos, la pêche miraculeuse et la joie des pêcheurs.

La beauté de la piste pour essayer de rejoindre Pomene (aller-retour puisque nous sommes bloqués à 40 km du lieu par le sable).

Jérôme qui n’a jamais fait de lessive et qui finit avec son slip superman.

L’histoire de la bière Mac-Mahon nommée ainsi en l’honneur du français. Cela inspire le nom de notre roadtrip : Mission Mac-Mahon.

Les coups de soleil sur les pieds, les mains et le nez d’Albane.

Le concierge de nuit du Pinkpapaya Backpacker avec ses gants, bonnet et grosse lunettes  de soleil. Après une longue et difficile journée de transport, nous partons dans un fou rire. Il se bidonne aussi.

La boule à zéro dans une paillote de Vilanculos. Qu’est-ce que c’est laid ! Mais pour 15 Meticals c’est rentable d’être moche.

Le fameux « tous à poil » de Jérôme.

 

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Ma route au Mozambique

Je suis resté au Mozambique du 19 novembre au 2 décembre. Avec Yusuf, nous avons franchi la frontière du Swaziland en stop pour arriver à Maputo, capitale du pays. Helder que nous rencontrons en faisant du stop nous montre les meilleurs endroits et nous invite même à la soirée d’un mariage traditionnel d’un de ses bons amis. Avant d’entreprendre la remontée vers le nord, il nous faut attendre Albane et Jérôme qui finissent leurs examens à Rhodes. Nous en profitons pour partir vers le sud à Ponta de Ouro avec Meagan et Cambel, deux jolies américaines étudiantes à Petermarisburg en Afrique du Sud. Ponta de Ouro est un lieu sud-africanisé, décevant et nous sommes heureux de retourner à Maputo, ville défoncée à laquelle on s’attache. D’autant plus que voyager vers le sud est un peu frustrant quand nous visualisons les milliers de kilomètres que nous devrons avaler dans les prochains mois. Après avoir servi de guide touristique à Jérôme dans une ville que je commence à bien connaître, nous partons plus au nord vers les célèbres plages du Mozambique à Tofo puis Vilanculos avec une escapade sur l’archipel de Bazaruto, site naturel. Yusuf était resté à Maputo et je ne le retrouverai que sur le lac Malawi 15 jours plus tard.

Les distances sont énormes et nous voyageons en bus ou en camion, couvrant les petites distances à pied. Une journée dans les transports ne m’effraye pas. Ce sentiment d’avancer, l’essence même de ce voyage, produit même de la joie.

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Les departs de Minibus en Afrique

Avec Yusuf, nous sommes les seuls étrangers dans ce minibus en partance pour Ponta de Ouro au Mozambique. Nous attendons longtemps, très longtemps que le minibus se remplisse. Les gens arrivent au compte-goutte. Les petits vendeurs de Coca-Cola et de cacahuètes sont la pour faire passer le temps sous cette chaleur de plomb. Il n’y a pas d’air; nous restons immobile. Au bout de deux heures, les quatorze sièges passagers sont occupes. Soupire de soulagement, nous allons pouvoir partir. Enfin, c’est ce que je crois au début. Nous attendrons encore sept autres passagers. Nous sommes littéralement entassé. En plus de la chair humaine, on emboîte, a la manière de Tetris, le chargement en tout genre qui accompagne les voyageurs : poules, sac de blé, couette et nos sac a dos. Les longues palabres rythment  ce chargement laborieux et inefficace. Nous ne savons pas comment mais une chose est sure, tout va rentrer. Nous, nous attendons, suffocant mais ce n’est pas grave. En pleine remontée de l’Afrique, nous perdons cette conception occidentale du temps. Nous avons choisit le rythme africain plus lent, plus improvisé et moins cher. Nous vivons d’ailleurs une expérience nouvelle : nous sommes plonge dans le quotidien de millions d’Africains. Nous sommes stupéfait de la patience et de la docilité des Africains. Apres la surprise et l’admiration, l’agacement se mêle a nos sentiments. Dans Un voyage au bout de la nuit, Céline qualifie ce comportement de « résignation immonde ». Ca a sa part de vérité. D’ailleurs les passagers ne sont pas mieux traités que de la marchandise ou du bétail. La dignité proprement humaine semble, selon nos critères, laissée de coté. Ici, ça ne dérange personne. On subit sans contester, on endure sans se plaindre, on accepte sans chercher à améliorer un temps soit peu le confort quotidien. Partout sur notre route, nous observons cette même scène lors des départs des minibus. On se demande si cette résignation n’est pas un frein au développement avec ce manquement cruel d’aspiration à autre chose. En attendant, ça a ses charmes aussi. Nous discutons avec beaucoup de monde, nous entendons des histoires incroyables, nous sommes même mêle à des fous rires généraux. On prend aussi le temps d’observer tous les détails et d’essayer de comprendre ces cultures africaines si différentes de la notre. Malgré la redondance des départs de minibus, chaque jour apporte son lot de nouveauté. Une fois, au centre du Mozambique, nous partons pour de bons, le bus accélère. L’air se faufile dans la pâte humaine, on respire. Un client dans le fond du bus s’exclame dans la langue locale. Le bus s’arrête. Sous les rires et soupires, le client doit franchir trois rangées de sièges pour sortir car ce n’est pas sa route. Une vraie mission. ” This is Africa” .

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Maputo

On nous a souvent recommande la prudence lors de notre séjour a Maputo, capitale du Mozambique. Quelques amis qui y sont passé ont été victime de vol par extorsion. Je ne peux pas me permettre de perdre mon passeport a ce stade du voyage, ni mon argent ni mon appareil photo de compet. Il faut aussi se méfier de la police, plus soucieuse de rançonner les pauvres touriste qui ont laissé leur passeport a l’hôtel, que d’assurer la sécurité. Nous sommes donc sur nos gardes dans cette grosse ville de béton, défoncée de tout coté, sale et a première vue, vraiment hideuse. Les mozambicains, généralement ne parlent pas anglais, seulement leur langue locale et celle des colonisateurs, le portugais. Sans guide et sans livre, Yusuf et moi cherchons un monument on un quartier sympa a visiter. Avec les yeux sur une carte, signalant les endroits a ne pas aller,  nous faisons la promenade du front de mer a l’heure du soleil couchant. Cette couleur chaude sur les palmiers et l’ambiance latinos me rappelle cette atmosphère très plaisante des îles Caraïbes. Nous achetons notre dîner et les bananas dans la rue. La ville regorge de marchés et de restaurants pas chers. A la nuit tombante, la fraîcheur fait sortir les gens.  Les rues sont très vivantes contrairement a Windhoek en Namibie, très allemande et silencieuse a partir de 18 heures. Ici, je retrouve ces rythmes latinos.

Avec Yusuf, nous cherchons le marché au poisson très réputé pour ces fruits de mer. Nous négocions le prix des crevettes sur le marché et nous les apportons au restaurant derrière le marché. Pendant que nous nous rafraîchissons autour d’un verre, le restaurateur s’occupe de nous les mariner et de nous les servir avec du riz mozambicain. C’est succulent. Lieu touristique, nous n’échappons pas aux vendeurs de souvenir et de petites merdouilles. Nous nous y faisons facilement.

Pour rejoindre ce fameux marché, Helder, un mozambicain de Maputo nous a gentiment pris en stop. Nous nous lions d’amitié avec lui et avant de nous redéposer a Fatima’s backpacker, nous sommes invite a la soirée d’u mariage traditionnelle. Cette nuit la, nous entrons vraiment dans l’intimité  de la vie mozambicaine, loin des spot touristiques. Nous sommes invité a nous servir et resservir de mets locaux délicieux. Tout le monde prend bien soin de nous. Nous repartons bien tard et heureux de cette expérience unique. Le lendemain, après une belle messe africaine en portugais, visitons la ville avec Helder qui nous balade a travers la ville et notamment a la gare construite par Eiffel  qui est sans doute le plus beau bâtiment de Maputo. Nous vérifions la destination des trains mais ils partent tous au Botswana et non pas vers le nord du pays. Ce n’est pas pour nous. De toute façon, nous devons attendre Albane et Jérôme qui nous rejoignent a Maputo avant de continuer vers Inhabane.

A Maputo, nous auront aussi été invité par une famille musulmane a déjeuner après le Juma, grande prière du vendredi  a la Mosquée. Yusuf est musulman. C’est un festin et je déguste les meilleurs calamars de ma vie.

Au total, j’ai dormi plus de six nuits dans cette ville et je me dis que je pourrai peut-être y vivre si je devais revenir en Afrique pour un job !

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Couchsurfing au Swaziland

Alors que j’attends Yusuf à la station de bus de Manzini, une fillette de sept ans, toute souriante, me tient compagnie. Elle me raconte sa journée a l’école, me pose des questions sur la France, si c’est loin par rapport a Mbabane, la capitale du Swaziland, petit pays enclavé entre le Mozambique et l’Afrique du Sud. Cette fillette n’est que le reflet et le premier aperçu de la gentillesse de la population Swazi. Loin du sombre tableau qu’on nous présente dans les medias sud-africain ou occidentaux quand on parle du Swaziland : dernière monarchie absolue d’Afrique, culture polygame, plus haut taux de sida par habitant au monde, ce pays nous fait malgré tout bonne impression. Ce tout petit royaume est reste stable pendant des décennies, remarquable exception parmi les pays voisins. Dans ce pays, même la police respecte l’ordre. Les routes ne sont pas si mauvaises et les paysages qui défilent sous nos yeux sont variés. Malgré une pauvreté bien réelle, les gens semblent heureux. Nous ne voyons que très peu de blanc, sauf dans les secteurs médical, humanitaire ou missionnaire.

Les retrouvailles avec Yusuf sont joyeuses. Nous avons tellement a nous raconter et nous commençons réellement ce voyage ensemble. Il était parti de Durban pour dire au revoir à sa famille tandis que j’allais à Pretoria pour gérer mes visas. Nous prenons le bus pour Siteki, à l’est du pays. Pendant trois jours, nous sommes accueilli par Chiara et Manuela, deux italiennes travaillant pour une ONG italienne spécialisée dans la lutte contre le sida. De belles soirées ou nous nous sentons chez nous. Nous cuisinons pour elles et elles cuisinent pour nous. Au cœur d’une culture Swazi si différente de la notre, la France et l’Italie sont faites pour s’entendre. Nous évoquons nostalgiquement notre goût commun pour la gastronomie raffinée. Yusuf est largue, le pauvre, il est anglo-saxon. Nous finissons les soirées avec une guitare. Le dernier matin, après un petit déjeuner de bananes flambées, nous quittons nos hôtesses pour le Mozambique. Malgré un court séjour, nous ressentons de l’émotion lors du départ. Le temps de quelques jours, nous les avons sortit d’un certain isolement propre au expatrier vivant dans des endroits reculés.

Cette rencontre de Siteki est ma première expérience de couchsurfing. C’est en fait extraordinaire et une bonne façon de découvrir un nouveau pays. « couch » en anglais veut dire « canapé ». Entre membres du site Internet couchsurfing.com, nous proposons un canapé (au mieux, un lit) en rab. Avec deux millions de couchsurfeurs dans le monde, nous sommes sur d’en trouver a peu près partout sur notre remontée de l’Afrique. Peu connu, c’est pourtant simple, gratuit et parfait pour voyager.

Au Swaziland, en tant que journaliste, nous avons assisté à des opérations de l’œil avec le Docteur Ponz, unique chirurgien de l’œil du pays. Il opère les cataractes, véritable souci pour les Africains en particulier. Très pédagogue, nous apprenons beaucoup. Nous commençons chaque opération par une prière. A la vue des gestes chirurgicaux, je ne suis pas loin de tourner de l’œil.

Nous avons aussi été interviewer le Docteur Sandile,  président de l’association de la médecine traditionnelle africaine. Son anglais est pauvre, nous ne découvrons pas grand-chose si ce n’est qu’il ne faut pas confondre médecine traditionnelle et sorcellerie. Ca peut le mettre de très mauvaise humeur. Sur la question du sida, les marabouts collaborent avec les hôpitaux mais possèdent leurs moyens propres pour lutter contre ce fléau. Pas de contraception, par de ARV… peu de détails. Il nous confie qu’ils ont beaucoup d’adeptes. A voir son Audi A6, ça semble en effet bien lucratif.

Merci au Swaziland

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Couchsurfing in Swaziland

 While I am waiting for Yusuf at the bus station of Manzini, a child, about 7, comes to me. Very enthusiast, she tells me abouther day at school and she wants to know if France is far compare to Mbabane, the capital of the small Swaziland, deadlocked between South Africa and Mozambique. “Yes it is far, very far”. We discuss like this for a wild and she just leave, saying goodbye, with a big smile as if we were good friends. For the next days, I will learn that this spontaneous and enthousiasm is very common to the Swazi, people of this country.

Far from the dark pictures presented by the Medias, describing Swaziland as an absolute monarchy, with the culture of polygamy and the highest rate of Aids/Hiv, it has been also one of the most quyiet and peaceful country of Southern Africa during the last decades. Albeit it is one of the poorest countries, buses don’t have to zigzag on potholed roads. We don’t have to fear policemen and a bus can’tcarry 20 people when there are only 14 seats. This kingdom will impress ourselves during the few days we‘ll spend in it. To meet Yusuf again after few weeks is very enjoyable. We have so much to say. We take a bus to Siteki. There, we are welcome for several days by Manuela and Chiara, two wonderful Italian. They are both managing particular mission of an Italian NGO, specialized in the fight against HIV/AID. The goal is to facilitate the access of medicine and good nutrition in rural area of one of the poorest province of Swaziland. Our hosts have been here for many years already and they are confident in the purpose of their mission. We have met them thanks to couchsurfing.com. the concept of the couchsurfing website is to share available couch to travellers. With 2 million all over the planet, it seems that I will meet many people through this way on my route up Africa. This first experience with Chiara and Manuela has been great. With Yusuf, we felt very at ease. We cooked for them and they cooked for us. We shared our nostalgy of French and Italian gastronomy. Yusuf, crappy anglo-saxon, could not understand! We finished dinner with guitar and emotional Italian songs. We had a lot of fun. The last morning, after a breakfast with “banane flambee”, we left our host quite sadly.

This time in Swaziland was great. We met numerous people. We attended chirurgical operation with Dr Ponz, the only eye doctor of the country. It started with prayers. We also interrogated the president of the association of the traditional practitioners. Yusuf assimilated practitioners and “witch doctors”; it was a mistake not to do. Dr Sandile was very suspicious and didn’t really answerd our questions. He assured of the traditional healers’ collaboration with modern hospitals albeit they have their own methods (without ARV or contraception)… interesting.

We leave this beloved Swaziland, hitchhiking!

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Farewell Rhodes University, farewell Student Life

My year in South Africa is over. My last week is flying by. My final sociology exam is sacrificed. I have so much more to do: To gather information about the next countries I am traveling to and to prepare all the admin documents including the crucial, but difficult to obtain, visa of Cameroun. I also have to polish my blog. But even more, I have to say good bye.

Good bye Rhodes University and your amazing campus. This efficient, well-equipped and perfectly organized university developed a relaxed atmosphere which kept me busy between my few hours of lectures.

Goodbye Mountain Club which allowed me meeting great people and escaping the campus to hike beautiful landscape of Eastern Cape. Not only hiking but also kayaking, horse-riding, climbing…

Goodbye political department of Rhodes. I learned to debate about the Washington Consensus, the UN Millennium Development Goals, Mugabe, the consequences of colonial era in Africa… I have better knowledge of this amazing continent. The close proximity with the teachers, coupled with the enthusiasm of Odette and the availability of Dr Bischoff created a wonderful ambiance. The cake every Friday was the cherry at the top.

Goodbye Classmate of PDIS. Every lecture, we got closer. The last brai at Pakamani’s place was a great moment to celebrate this finished year together. We were only 12 students and everybody had his place. I loved it.

Goodbye Oakdene and Drodsty Hall. Half emptied, my residence this year, has been a place to meet very interesting people from everywhere in Southern Africa. Goodbye Rhodents I met in many different ways. This last week, we shared good moments around coffee, restaurants, pic-nic, French crepes, beers at the Pirate, Café Blanca…

Goodbye student life. After five years of studying, I qualify with a master in international studies. It is (almost) time to look for a job to put in practice what I learned at ICES, at Divine Word College in the US, at Rhodes University in South Africa or during internships in France or Australia. I am happy to start a new project and challenge: the real life!!!!

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17 novembre – Pretoria time…

A Pretoria, je fais beaucoup de « va et vient » entre les ambassades et ma backpacker. Mes pieds souffrent déjà. Malgré les fils électriques et les hauts murs qui caractérisent  les villes sud-africaines, les quartiers résidentiels sont fleuris et extrêmement verts.  A l’ambassade du Cameroun, je réuni tous mes papiers et nous discutons en Français. Mais tout se complique. Ils ne peuvent pas me délivrer de visa car je n’ai pas de lettre d’invitation officielle du Cameroun, ni de réservation signée par un hôtel et de toutes façons je ne serai plus résident en Afrique du Sud. C’est la catastrophe. J’en appelle à Dieu et j’attends dans une anxiété profonde. Ai-je acheté mon billet d’avion pour rien ? Dois-je retourner en France comme  on me le conseille ? Mais Dieu intervient rapidement. En effet, je partirai au Cameroun depuis le Malawi et donc je pourrai faire ma demande de visa à Douala au Cameroun. Je n’ai même plus besoin de rester quelques jours à Pretoria pour mon précieux sésame camerounais. Pour l’Ethiopie, c’est la même chose, ils ne me délivreront pas de visa. C’est d’ailleurs jour férié et censé être fermé mais avec la patience, les portes s’ouvrent et j’obtiens les informations nécessaires qui me permettent de partir rejoindre Yusuf plutôt.

A la backpacker, je multiplie les rencontres de toutes sortes. Je garderai en mémoire deux personnes de 60 ans. Le premier, Mauritio, est italien et a fait la route du Caire au Cape. Le second est Tchèque et compte lui aussi remonter la route du Caire sur la même période que moi. Demain, départ pour le Swaziland.

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16 novembre – Un “Durban to Damascus” qui ne pouvait commencer par Durban

Une fois de plus, je pars tôt pour Pretoria, vers 6h30. En effet, George, le père de Ken me propose de me déposer là-bas. Si je ne suis pas parti de Durban, c’est parce que j’avais des visas à obtenir pour le Cameroun et l’Ethiopie. Yussuf est déjà parti pour le Swaziland où je le rejoindrai plus tard.

Les 50 km qui relient Jo’ burg, poumon économique de l’Afrique du Sud, à Pretoria, capitale politique et administrative du pays sont l’occasion de discuter avec George. Il me partage son pessimisme très largement répandu dans la classe blanche sud africaine. Si tout le monde condamne l’idiotie de l’apartheid, ils constatent tous la tiers-mondisation de leur pays et se sentent impuissants. Selon eux, tout n’est que magouille, gaspillage et corruption. A part la coupe du monde et la construction de cinq beaux stades, rien n’a été construit depuis 1994, date de la prise de pouvoir de l’ANC. Une vision plutôt effrayante : paranoïa ou réalité ? Après un an en Afrique du Sud, je m’étais fait une opinion plutôt optimiste pour l’avenir du pays. Je deviens sceptique.

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15 novembre – Mes premiers 999 kilomètres pour Johannesburg

Le réveil sonne, il fait déjà jour dehors et pourtant,  il n’est que 5h15. Le stress m’envahit en deux petites secondes, le temps de réaliser où je suis et ce pour la dernière fois de ma vie. Mais ce n’est plus le moment de réfléchir, dans 10 minutes, Ken, un amis de Rhodes, m’attend  devant la résidence. Dehors, il fait doux, il n’y a personne dans les rues. Sur fond des Beach Boys, le défilement de la ville me rend nostalgique. Comme l’exprime si bien la musique, une époque se tourne.

La route est longue à travers le Karoo et le Free State, il fait de plus en plus chaud ! Nous partageons de belles discussions avec Ken qui m’invite à dormir chez sa famille. Je suis très bien accueilli et tout de suite très à l’aise. Merci Ken, merci Jene et George Goldswein, je ne pouvais rêver d’un meilleur départ.

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14 novembre 2010 – Adieu Rhodes University, adieu vie étudiante

Depuis des mois, je comptais le nombre de semaines avant le grand départ. Les derniers jours, tout se précipite et l’anxiété grandit. Il reste tellement de choses à boucler : terminer les exams – derniers  de 5 années d’études – finir la construction du blog, continuer à se renseigner sur les pays à traverser, réunir les contacts d’amis de Rhodes que nous retrouverons sur notre route… et surtout, le plus émouvant, il faut se lancer dans les adieux. Cela se passe au cours de soirées devenues quotidiennes, au Café Blanca, au Slip Stream ou au Pirate. Les nuits de cette dernière semaine finissent tard et mon exam de sociologie est sacrifié. Je quitte mes amis de promotion autour d’un braai chez Pakamani vendredi. Les françaises Albane et  Maguelonne nous invitent dans leur dinning hall “at the top of the hill”. Christine et Albane m’offrent mon portrait, affiché sur le blog qui prouve qu’elles me connaissent bien. Je quitte d’autres amis lors d’une soirée crêpe ou lors d’un dernier pique-nique après une belle messe à la paroisse colored Sainte Mary. Je fais le tour de ma résidence Oakdeen déjà à moitié vide….

Tous ces moments singuliers se répètent de la même façon. Souvent les adieux se transforment en “au revoir” afin de limiter l’émotion mais aussi pour espérer réveiller un jour quelques merveilleux souvenirs de cette année à Rhodes. Ces derniers jours, tout éveille mon attention et quand je sillonne la ville ou le campus, d’innombrables souvenirs me reviennent automatiquement à la mémoire. Je me rends compte à quel point cette année a été folle et riche à tous points de vue.

Quand je vide ma chambre, ce sont les premiers jours de Rhodes qi me reviennent à l’esprit avec ces murs jaunes dénudés éclairés par un grand néon. Je rempli mon sac à dos de 16 kilos qui contient le nécessaire pour les cinq prochains mois.

Une belle page de ma vie se tourne, une nouvelle s’ouvre.

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How much?

Et le budget? Combien prévoir? Bah…  en voila une question…

Quand on est jeune, sans le sous et en voyage pour cinq mois, on oublie les lodges, les safaris, les circuits organisés, les pensions completes. On se contente donc de la solution africaine, d’autant plus qu’on a du temps. Cette expérience sera au moins aussi enrichissante, si ce n’est plus.

Comme tous les voyages précédents la règle est de toujours faire au moins cher et par nous même, sans rien réserver, sans rien planifier au jour près et d’accepter les aléas du quotidiens africain. Cela veut dire être prêt à dormir sous la tente quand il n’y pas Mufassa dans les parages, prêt à manger local sans rêver de notre gastronomie française, prêt à ne pas succomber au luxe des lits et des loges, prêt à négocier quand il le faut, toujours accepter la générosité et l’hospitalité de nos bienfaiteurs… et le plus important : prendre ce fameux rythme africain. Un jour que je faisais une remarque désagréable sur la lenteur africaine, mon professeur Camerounais, en souriant, me dit : «  Vous, en Eu’ope, vous avez des mont’es, nous, nous avons le temps ». Si en France le temps, c’est de l’argent, en Afrique, prendre le temps c’est économiser de l’argent. La vie de tous les jours ne sera pas chère jusqu’ à Damas par contre il nous faudra nous méfier des endroits touristiques comme Zanzibar ou le Kilimandjaro qui risquent de ruiner le budget.

Donc combien ca va couter ? Surement moins cher que de vivre à  Paris sur la même période. Surement plus que de de voyager avec les parents. J’en sais rien en fait! Un ami de Rhodes,  Richard a remonté le continent noir avec 20 000 Rands (2000 euros) en décembre dernier et en deux mois. Nous prendrons notre temps et  nous vivrons à une allure encore plus africaine.

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3 mois avant le départ

Comment est-ce que j’envisage cette remontée de l’Afrique?

Quand j’en parle autour de moi, ce périple suscite soit l’admiration et l’envie, surtout parmi les baroudeurs, soit de la crainte notamment lorsque j’évoque le Soudan ou l’Ethiopie. Lors de ces discussions, ces personnes se projettent elle-même pour un cours instant dans cette aventure. Alors qu’elles ne font qu’exprimer une projection imaginaire, ces paroles sont en fait le reflet de mes propres désirs,  doutes et questionnements. Mais il faut bien quitter cet imaginaire pour revenir à la réalité africaine qui m’attend et que je ne connais pas encore, tout du moins que je n’ai pas foulé de mes pataugas.

Mais je pars avec des cartes en mains qui ne font qu’approfondir ma soif d’aventure et des expériences africaines qui vont m’aider à surmonter les obstacles et les inconnus.

Il y a d’abord les parents qui m’ont donné le goût du voyage et des rencontres et cette famille avec qui j’ai partagé des vacances extraordinaires a Madagascar et ailleurs… Ces mêmes parents  qui m’ont toujours soutenu dans mes projets.

Il y a ensuite cette formation de relations internationales, de sciences politiques et d’histoire a l’ICES, ces stages à l’étranger et cette année d’étude à Rhodes University en Afrique du Sud qui m’enrichissent de connaissance théorique permettant de mieux comprendre la situation et les enjeux de l’Afrique actuelle.

Il y a enfin ce périple en sac- à-dos appelé « mission Chakari »  avec Albane, Maguelonne, Eva et Pierre-Olivier sur les piste de l’Afrique Australe depuis les chutes Victoria jusqu’ à celles d’Epupa en Namibie en passant par l’Okavango, Etosha et des localités à peine cartographiées. 23 jours de réelle aventure où Dieu nous a comblés de rencontres, d’émotions et de poussière en dehors des sentiers battus. Vivre au jour le jour en Afrique sans trop se préoccuper du lendemain semble si  facile et si émerveillant, si riche qu’on n’hésite pas à remettre ce voyage entre les mains de Dieu ou à s’exclamer « Insha’Allah ».

Cette magnifique expérience n’est qu’une introduction, qu’un avant-goût d’une aventure, qui tout à coup, se présente moins comme un défi qu’un temps de la vie qu’on reçoit au présent en oubliant de se perdre dans la programmation d’un futur qui restera de toute façon incertain.

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